Parcours
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Comment devient-on ce que l’on est ? D’une enfance à jouer sur les margelles d’une banlieue crasse à une vie adulte aux marges des mondes politiques et artistiques, y-a-t-il des liens à tisser, des fils à tirer ?

« On ne choisit pas ses parents, on ne choisit pas sa famille » mais on choisit de poursuivre certains engagements quand on a grandit entre la ZUP de Chambéry-le-Haut et la communauté Emmaüs de la Motte-Servolex, quand on a vu ses amis passer des milles couleurs du monde à la pâleur des bancs universitaires. En 1996, après l’échec d’un concours, un voyage en Inde et au Népal fut initiatique. A la rentrée, j’usais mes jeans sur les bancs de Sciences Po Grenoble. Avant d’interrompre mes études deux ans plus tard pour partir travailler au Québec dans l’économie sociale et solidaire puis dans la lutte contre la pauvreté. L’éducation populaire autonome comme une épiphanie.

En 2001, après un échec en mission locale jeune, je découvre le monde des centres sociaux. Et entre leurs murs, je commence à apprendre à penser, agir et vivre avec. L’animation sociale est un métier aussi dévalorisé que les autres emplois du soin et de l’attention aux autres. Apprendre à écouter, à comprendre celles et ceux qui vivent aux marges. Apprendre à trouver les formes d’agir qui ne reproduisent pas les inégalités scolaires, sociales, économiques et politiques. Celles du bien-dire et du bien-faire. Trouver des manières de développer le pouvoir d’agir jusqu’à organiser des marches de lutte contre la pauvreté dans 5 départements de la région. Avec les personnes qui galèrent chaque mois à subvenir aux besoins essentiels comme se loger, se nourrir, travailler, rêver même.

En 2010, je m’arrête quelques mois. On a besoin de pauses, de répits et ce sont dans ces moments-là que naissent les rêves. On se retrouve sur les trottoirs de Brooklyn avec Occupy Wall Street ou on prend le temps d’accueillir notre troisième enfant. On se lance avec d’autres dans une expérimentation du community organizing à Grenoble sans s’y retrouver. Et puis, avec l’ami Jérôme Bar, on fonde une aventure collective. On bâtit sans plan un bateau qui va sur terre et sur mer qui s’appelle AequitaZ. Puis on voyage neuf ans durant vers des rivages inconnus : des parlements libres de jeunes aux carrefours de savoirs sur la protection sociale, de collectifs aux noms d’oiseaux à raconter des histoires d’éléphants dans le quartier de Basseau à Angoulême. Avec la conscience grandissante que le nouveau régime climatique doit nous amener à élargir encore notre conscience des injustices au-delà des humains.

Cette équipée fantastique se termine en décembre 2021 dans la joie d’une nouvelle étape. Candidat aux législatives au printemps 2022 pour défendre une écologie populaire, je me retire à la faveur d’un accord entre la gauche et les écologistes. D’autres chemins s’ouvrent. Raconter la justice des mondes vivants face aux injustices sociales et environnementales dans un séminaire du Master Transitions. Animer des ateliers poétiques de rue pour offrir des refuges à la beauté. Chercher les voies de passages dans les anfractuosités du présent.