Au bout du petit matin
Au bout du petit matin

Au bout du petit matin

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Texte rédigé pour la lettre de diffusion d’AequitaZ à l’occasion de l’annonce publique de mon départ de cette association.

Nous avons traversé bien des aventures humaines et politiques, nous avons surmonté bien des échecs et refusé tant d’injustices ! Nous avons raconté tant d’histoires réelles et colporté au-delà de nous-mêmes quelques poésies. Nous avons exploré, défriché, égratigné, enseveli, réveillé, bifurqué, raturé, embarqué, célébré, dénoncé. Nous nous sommes perdus sur les routes de France et de Belgique. Nous nous sommes retrouvés dans des lieux de pouvoirs gris ou dans des foyers colorés et inattendus, dans des lieux où la solidarité se partage comme un repas de fête, où l’hospitalité n’est plus confinée dans les dictionnaires. Nous avons inventé des parlements libres, des collectifs Boussole et le collectif de la Huppe. Nous avons expérimenté des carrefours de savoirs. Nous avons soutenu des associations, des collectivités locales et quelques entreprises qui visaient une plus grande justice sociale et environnementale. Nous avons soutenu les luttes des autres et organisé notre vie associative et coopérative le plus possible en cohérence avec nos principes.  

Je faisais partie de ce nous. Avec d’autres, j’ai donné naissance à ce nous qu’on appelle AequitaZ. Au fil des années, certaines personnes sont parties pour un temps ou pour toujours. D’autres ont rejoint et partagent un bout de chemin. Aujourd’hui, c’est à mon tour de m’éloigner.  

Au bout du petit matin, mon étoile m’appelait ailleurs sans bien savoir vers quoi. J’ai décidé de marquer un temps d’arrêt et de voir ce qui pourrait s’éclairer dans la nuit. Après neuf années, c’est une étape. Ce départ a été mûri, préparé et dépassé. Aujourd’hui, une nouvelle équipe prend la mer et s’apprête à découvrir de nouveaux horizons. J’ai toute confiance dans leur capacité à tracer des voies dont nous avons collectivement besoin pour un monde de justice. C’était une chance de partager ces années et ces heures aux côtés de toutes celles et ceux qui ont œuvré à AequitaZ.  

Je me sens plein de gratitude pour ces années créatives et résistantes. Pour celles et ceux que j’ai eu la chance de rencontrer et qui liront ces mots, j’espère que nos routes se recroiseront au gré du vent et des petits matins chantants.