A vous,
Quand bien même tardivement, j’ai eu envie de vous écrire quelques mots. Nous nous sommes entraperçus, croisés, rencontrés, vus ou perdus de vue mais les vœux sont cette occasion de tisser ce fil parfois puissant, parfois ténu. Je ne sais pas pour vous mais 2023 fut une année fébrile en proie aux fièvres des haines et des vanités. Je me suis souvent demandé comment se ravir et débusquer l’espoir quand on a l’impression de vivre au crépuscule d’un monde qu’on a aimé. Peut-être en cherchant d’autres manières de l’habiter.
Cette année avec des ami-es, on a lancé à des soirées « Vin & poésie ». On était une dizaine à chaque fois avec une bouteille et un poème qui nous touche. Cela fleurait bon l’amitié et l’essentiel. Et l’on se sentait porté par des aubes nouvelles.
J’ai eu aussi la chance de vivre une expérience exceptionnelle au Congo-Kinshasa lors d’une mission d’expertise qui m’a fait franchir de nouvelles frontières de l’injustice sociale et environnementale. Je suis habitué à regarder notre planète à partir d’un pays riche. Dans un pays en guerre depuis des décennies, aux infrastructures délabrées ou inexistantes et à la population en détresse, le miroir se retourne. C’est le même monde vu de l’autre côté. Le même métal mais exploité. La même eau mais polluée. Là-bas, je ne sais pas si j’ai vu notre passé ou notre avenir mais à coup sûr une énergie formidable battue par des vents mauvais. Loin de me décourager, cela m’a donné envie de poursuivre mes engagements dans des directions nouvelles que j’ai raconté par ailleurs.
2024 est dores et déjà une année fragile. Au regard des températures catastrophiques de l’océan, de la menace fasciste qui pèse notamment sur les États-Unis, du retour de flamme anti-féministe ou des conséquences de la loi raciste adoptée en France à la veille de Noël. Les aurores sont à déceler et à vivre ensemble.
Je proposerai au printemps un séminaire en ligne pour « dépasser nos peurs à l’âge écologique » et des soirées pour s’entaverner avec poésie à Grenoble (et ailleurs ?).
Quoi qu’il nous arrive, j’espère que cette année vous offrira une sérénité différente, l’élégance de vous tenir debout face aux tristes sires de l’ordre établi, la joie de flâner devant les merveilles et le brigandage du présent.